Que faire de ses penchants?
T’assignant cinq heures par jour, un mois durant, à ton ordinateur, tu te donnes pour objet de raconter le souvenir que tu as d’une femme ou autre que tu as désirée ou qui t’a désirée.
Tu les prendras dans l’ordre où elles te reviendront en mémoire. Tu les coucheras ensuite dans l’ordre impersonnel de l’alphabet.
Mais pourquoi cet exercice d’une ironie peut-être cruelle?
Dissiper ou digresser tes désirs.
Car la vie est trop courte pour se résigner à lire des livres mal écrits et coucher avec des femmes qu’on n’aime pas.
Affaire de style.
Ne risques-tu pas, entendant pourtant t’écarter des moeurs de ton temps et esquiver son idolâtrie du désir, d’y succomber?
Peut-on échapper à la publicité du désir?
Et si, croyant résister à son assujettissement, tu ne faisais que pratiquer cette forme —si française— de résistance qui s’appelle la collaboration?